Spleen
by Charles Baudelaire (tr. Sir John Squire)
When the low heavy sky weighs like a lid
Upon the spirit aching for the light
And all the wide horizon's line is hid
By a back day sadder than any night;
When the changed earth is but a dungeon dank
Where batlike Hope goes blindly fluttering
And, striking wall and roof and mouldered plank,
Bruises his tender head and timid wing;
When like grim prison bars stretch down the thin,
Straight, rigid pillars of the endless rain,
And the dumb throngs of infamous spiders spin
Their meshes in the caverns of the brain,
Suddenly, bells leap forth into the air,
Hurling a hideous uproar to the sky
As 'twere a band of homeless spirits who fare
Through the strange heavens, wailing stubbornly.
And hearses, without drum or instrument,
File slowly through my soul; crushed, sorrowful,
Weeps Hope, and Grief, fierce and omnipotent,
Plants his black banner on my drooping skull.
*
SPLEEN
by Charles Baudelaire
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
— Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.